2030, l'ampleur et la vitesse de la dégradation environnementale ont poussé les gouvernements à agir rapidement et strictement en matière d'action climatique. La taxation très élevée et généralisée du carbone, émis par les humains, transforme rapidement nos économies et nos modes de vie. Le recyclage atteint un niveau record, à l’échelle individuelle et industrielle. Le monde est entièrement circulaire, c’est-à-dire qu’on ne gaspille plus, on réutilise.

50% des ressources mondiales sont désormais éthiquement et économiquement durables. C'est le résultat d’une hausse massive du prix du carbone. Avec une augmentation de 500% des prix des produits à forte intensité carbone, comme le café, la viande ou les smartphones, la consommation mondiale a diminué. Les gens réutilisent les articles usagés et le recyclage est à un niveau record, avec une culture du « faites tout vous-même ». Dans de nombreux pays, la collecte des ordures est une source de revenus très importante et un secteur très prisé des ingénieurs. Certaines industries, notamment numériques, ont pris les devants pour ne pas subir les conséquences de ces mesures punitives. Les grandes entreprises du numérique apparaissent comme les grands acteurs de la construction d'une économie circulaire, c’est-à-dire une économie qui ne gaspille plus et qui réutilise. Ces grandes entreprises du numérique changent donc leur activité et associent les principes de l'économie circulaire avec l’intelligence artificielle (IA). Depuis qu’il n’y a presque plus de terres et de ressources rares, c’est la survie de toute une industrie qui a motivé ces changements. Assurer une meilleure réparabilité de leurs appareils connectés est désormais au cœur de leur stratégie. En revanche, la capacité de mobilisation des acteurs du numérique a empêché les gouvernants à réglementer leurs activités en matière de vie privée, de surveillance et de biais dans leurs méthodes de calcul.

La société de 2040 est une société qui fait du neuf avec du vieux. Physiquement, elle le fait avec des chaînes logistiques et de production circulaires. Institutionnellement, elle le fait en s’appuyant sur les acteurs existants : entreprises, citoyens, Etats, pour que l’économie mondiale devienne circulaire. Ainsi les grandes entreprises du numérique sont devenues les nouveaux champions de la planète.
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Plusieurs évolutions sociétales ont fait advenir ce futur. Affronter le dérèglement climatique implique de moins utiliser, que ce soit au niveau du carbone, mais également pour l’ensemble des matériaux. Cette moindre consommation est de plus en plus acceptée socialement. Au niveau numérique, pour la fabrication et la gestion des déchets électroniques, l’humanité cherche des alternatives aux terres rares, dont la pénurie et l’impact écologique des conditions de production ne sont plus soutenables. La conception des logiciels plus écologiques devient la norme. La fabrication est responsable, économe en matière sur la durée de vie complète des produits. Les infrastructures numériques se verdissent, consomment moins et sont neutres en carbone. Le numérique permet de repenser les industries.